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Événement européen d'échange sur l'économie sociale : travail décent et plateformes numériques

Vendredi, 6 Novembre 2020

Face à la crise sanitaire, le Sommet européen de l'économie sociale (#EUSES), qui devait initialement se tenir à Mannheim, en Allemagne, en novembre 2020, a été reporté aux 26 et 27 mai 2021. Afin de pouvoir débattre au sujet de l'économie sociale en Europe, la Commission européenne a lancé la « Route numérique pour Mannheim » : une série de 8 événements numériques de septembre à avril 2021. Après avoir assisté au premier événement, POUR LA SOLIDARITÉ-PLS a pu assister, jeudi 28 octobre, au deuxième webinaire portant sur l'emploi, l'amélioration de l'emploi des personnes vulnérables, des compétences et de l'inclusion sociale dans un monde du travail en mutation.

Le monde du travail en pleine mutation

Les notions d’emploi, de travail ou encore d’activité sont bouleversées par les transformations économiques, surtout dernièrement avec la crise du Covid-19 qui accélère la numérisation de l’organisation du travail. Les travailleur.se.s aspirent à plus d’autonomie ce qui remet en question le contrat de travail salarial et met le travail indépendant et l’auto-entrepreneuriat en avant.

Mais, les travailleur.se.s indépendant.e.s sont très peu protégé.e.s contre les accidents du travail et n’ont aucun droit de retrait, ni activité partielle. Bastien Sibille, président de Mobicoop, une plateforme coopérative qui met en relation les covoitureur.se.s sans toucher de commissions, constate que la soif de liberté des travailleur.se.s fonde un nouveau dilemme entre leur indépendance et leur protection face au marché.

Une 3e voie qui réside dans l’économie sociale et solidaire

Depuis quelques années, le Labo de l’ESS, organisateur de cet atelier, réfléchit à un nouveau modèle de référence basé sur l’économie sociale et solidaire, en analysant les initiatives alternatives existantes notamment par la publication de « Transformer l’emploi, redonner du sens au travail ».

Sarah de Heusch, chargée de développement territorial et international, et de relations publiques à Smart, a souligné l’importance de la législation nationale dans cette quête, ayant tenté d’engager des négociations pour obtenir un salaire social universel, une protection et une formation préventive dans les entreprises telles que Deliveroo et Uber. Plusieurs initiatives gouvernementales en Belgique et en France ont tenté, en vain, d’encadrer les droits de ces travailleur.se.s. La loi belge de Croo, annulée en octobre 2020 par la Cour constitutionnelle, amorçait la création d’une sécurité juridique pour les travailleur.se.s indépendant.e.s sur les plateformes digitales, en leur permettant de toucher un revenu complémentaire défiscalisé et exonéré de cotisation sociale.

Face à cette réalité, l’idée est de développer des plateformes numériques basées sur la coopération, la solidarité et la création d’emplois protecteurs et non délocalisables. Parmi ces coopératives qui fonctionnent, on peut citer Fairbnb pour l’hébergement, qui se présente comme une alternative durable aux plateformes de réservation classiques. Il s’agit de transformer les revenus des touristes en ressources pour promouvoir la main-d'œuvre, les partenaires et les initiatives au niveau local.

Dans un récent article, le Labo de l’ESS a présenté ces initiatives comme une véritable alternative à l'ubérisation. Elles permettent aux utilisateur.rice.s, salarié.e.s et dirigeant.e.s d’être co-propriétaires, la majorité des bénéfices générés est réinjectée dans l’entreprise, les employé.e.s ont des droits (chômage, protection sociale) et ces plateformes n’utilisent pas les données personnelles à des fins commerciales. Cela permet de « garantir des emplois plus justes et sécurisés et permettre aux travailleur.se.s comme aux citoyen.ne.s de se réapproprier les services dont ils sont au quotidien les utilisateur.rice.s. ».

POUR LA SOLIDARITÉ-PLS soutient cette initiative qui ouvre la voie à tou.te.s les acteur.rice.s concerné.e.s pour, qu'ensemble, ils puissent réguler les conditions des travailleur.se.s des plateformes numériques à l’échelle européenne, surtout sur les horaires, les salaires et l'utilisation des outils numériques.