Conférence-Débat : Comment les enjeux environnementaux vont-ils redimensionner la comptabilité des entreprises

Mardi, 16 Avril 2024

Le 11 avril 2024, une conférence-débat a été organisée par Miroir Social, en collaboration avec le crédit coopératif au sujet de la CSRD. L'objectif de cette réunion? Comprendre comment les enjeux environnementaux vont impacter la comptabilité des entreprises, avec la mise en œuvre imminente de la CSRD (Directive sur la Communication de l'Information en Matière de Durabilité des Entreprises). 

« Une entreprise qui n’est pas durable, ne va pas durer », voilà les mots qui résument cette réunion. 

 

Durant la conférence, plusieurs acteurs en lien avec la transition se sont exprimés autour du sujet : 

 

Dans un premier temps, Jérôme Saddier, à la tête du crédit coopératif et ancien président de l’ESS France, a lancé le débat en insistant sur la nécessité d'une transition juste pour tout le monde. Il a pointé du doigt l'écart potentiel entre les ambitieuses politiques environnementales et les outils comptables à disposition des entreprises. Par ailleurs, l'arrivée imminente de la CSRD suscite des réflexions profondes dans le secteur bancaire, où la production massive de données deviendra la norme et où cette  masse d'informations transformera les relations entre les banques et leurs clients. En fait, la transparence des informations fournies qu'implique la CSRD incitera "certainement" les entreprises à repenser leurs pratiques afin d'obtenir un financement. Les défis s'annoncent de taille, mais la conscience collective en faveur de la transition est palpable.

Dans un second temps, Ute Meyebenrg, Secrétaire nationale de la SFDT Cadre et membre de la Commission d’information de durabilité sur l’autorité des normes comptables,  a souligné l'importance du Green Deal et des directives mises en place pour faciliter la transition écologique, telles que la CSRD, la NFDR et la taxonomie. Meyebenrg a mis en lumière le rôle essentiel des indicateurs ESG pour rendre compte des aspects financiers et extra-financiers, soulignant que les normes de durabilité ont un impact direct sur les financements des entreprises. Elle a également discuté des défis liés à la mise en œuvre du reporting de durabilité, notamment la perception de la CSRD comme une corvée et les difficultés liées à la comparabilité des rapports de durabilité. Face à l'urgence d'agir contre les coûts croissants de l'inaction environnementale, Meyebenrg a rappelé l'importance de la transparence des informations fournies par les entreprises pour faciliter cette transition vitale pour l'avenir de notre société. 
 

Par la suite, Xavier Leroy, représentant d'EthiFinance, a expliqué l'enjeu des indicateurs extra-financiers dans une vision plus holistique, tout en reconnaissant les défis dans l'accès à ces données normalisées, notamment pour les PME qui manquent de moyens. Leroy a donc mis en avant la nécessité de concilier les rapports financiers et extra-financiers, en adaptant la diffusion d'informations en fonction de la taille et des capacités des entreprises. Il a également abordé le concept de double matérialité qui vise à évaluer l'impact de l'entreprise sur la société en général, une dimension au cœur de la CSRD. Leroy a également parlé de l'intérêt croissant des individus pour investir dans des entreprises à impact social et économique positif, tout en encourageant la réindustrialisation locale pour mieux contrôler les enjeux de production.

 

Pour finir, Alexandre Rambaud, co-dirigeant de la Chair Comptabilité Ecologique, a présenté le projet Care (Comprehensive Accounting in Respect of Ecology) lors de la conférence. Ce projet vise à intégrer les informations ESG dans la comptabilité et à restructurer les modèles organisationnels pour une transition durable. Pour lui, la transparence dans la comptabilité doit aller au-delà de simples communications environnementales, et doit plutôt incarner un changement de paradigme vers des modèles économiques plus durables.  A travers son discours, Rambaud a surtout mis en lumière l'importance de repenser l'économie dans une perspective écologique et humaine.

 

La conférence-débat s’est finalisée avec une séance de questions/réponses durant laquelle les participants ont soulevé des interrogations sur la part de la rémunération des dirigeants dans le budget de la transition, l'équilibre à trouver entre convictions et performances ainsi que le rôle des syndicats dans cette transition. Par ailleurs, ce sujet est plus que d'actualité pour Pour La Solidarité-PLS qui travaille activement sur l'application de la CSRD au sein du monde de l'Economie sociale et solidaire, dans une perspective de transition juste  !