Les coupes budgétaires mènent la vie dure à l’économie sociale

Jeudi, 6 Février 2025

L’économie sociale en Belgique et l’économie sociale et solidaire (ESS) en France connaissent un début d’année 2025 difficile. De nombreuses coupes budgétaires fragilisent cette économie pourtant en pleine expansion.

Le social en Belgique face à des restrictions budgétaires

En Belgique, l’instabilité politique place de nombreux travailleurs et travailleuses dans une situation précaire. En Wallonie, les relais sociaux, structures essentielles pour lutter contre la grande précarité, subissent une réduction de budget de 850 000 euros pour 2025. Déjà en début d’année 2024, les travailleur·euse·s sociaux dénonçaient un « choc budgétaire » majeur, qualifié de « bombe nucléaire » pour leur domaine. Cette nouvelle coupe budgétaire risque d’aggraver encore la situation.

Des coupes drastiques en France impactent l’ESS

En France, la réduction drastique de l’aide publique au développement (APD) – 2,8 milliards d’euros en moins pour 2025 – éloigne considérablement l’objectif de consacrer 0,7 % du PIB à cette aide. Cette coupe représente une diminution de 35 % par rapport au budget de l’année précédente. L’un des premiers domaines touchés est un pilier essentiel de l’ESS : les services civiques. Ce dispositif, qui permet à des jeunes de 16 à 25 ans en réorientation d’effectuer un engagement rémunéré financé en grande partie par l’État, était crucial pour de nombreuses associations fonctionnant avec peu ou pas de salarié·e·s.

Fin des contrats de service civique

Pourtant, le 29 janvier, le Ministère chargé des comptes publics a brutalement annoncé l’annulation des contrats de service civique déjà signés et devant débuter au 1er février, ainsi que l’arrêt des prochaines signatures. En 2023 et 2024, le service civique concernait 150 000 jeunes ; cette décision laisse aujourd’hui près de 5 000 d’entre eux sans solution. De plus, les services civiques jouent un rôle clé dans l’ESS, où les associations et coopératives – deux formes juridiques majeures de cette économie – recrutent massivement ces jeunes volontaires. Aujourd’hui, nombre d’associations s’interrogent sur la manière de poursuivre leurs activités sans ce personnel indispensable.

Des modèles en pleine expansion menacés

L’économie sociale en Belgique et l’ESS en France traversent ainsi une période de grande incertitude, marquée par des restrictions budgétaires qui menacent leur équilibre. Pourtant, l’intérêt pour ces modèles économiques ne cesse de croître. En France, par exemple, 10 % des salariés travaillent dans l’ESS. De même, en Belgique, cette économie est reconnue comme un levier essentiel pour une société plus juste et solidaire. Si ces coupes budgétaires fragilisent ces initiatives, elles ne remettent pas en cause la nécessité de renforcer et soutenir une économie responsable, au service du bien commun.