Commande publique écolo, solidaire et groupée… « Acheter, c’est voter »

Un nouvel adage d’autant plus vrai lorsque celui qui achète dépense jusqu’à 2,5 M€ par an. Créé en 2002, le service d’achats groupés du Vorarlberg (Autriche) est chargé de sélectionner les fournisseurs des 96 collectivités locales de l’ouest du pays. En appliquant des critères environnementaux et sociaux stricts, il a donné une tournure plus éthique et éco-responsable à la commande publique régionale.

Lorsqu’en 1992, les collectivités locales du land de Vorarlberg (Autriche) créent la Umweltverband (association environnementale), celle-ci ne s’occupait que d’assurer la gestion des déchets.

Dix ans après, elle est à l’origine du dispositif de commande publique écologique et solidaire le plus abouti d’Autriche. Pour le compte de 96 collectivités locales, l’ÖkoBeschaffungsService (service d’achats écologiques) lance des appels d’offres concernant 12 catégories de produits dont les fournitures pour le bureau et les écoles, l’éclairage public, les équipements pour les brigades de sapeurs-pompiers. Quant au matériel informatique, il coûte chaque année la moitié des 2,5 M€ dépensés par le réseau.

Des achats stratégiques, pour lesquels l’ÖBS s’est fixé des critères environnementaux très stricts : « L’équipe teste chaque produit pour vérifier son efficacité énergétique », souligne Lenz Dietmar. Ensuite, elle s’occupe de rédiger l’appel d’offres et de la mise en adjudication ». Une double expertise très appréciée par les responsables achats des collectivités associées.

« ÖBS nous permet de nous équiper avec des produits de meilleure qualité technique et environnementale à des prix plus compétitifs. De plus, il nous décharge de la gestion opérationnelle et légale des appels d’offres. » explique Clemens Madlener, qui tous les ans change 15 des 300 ordinateurs du parc informatique de la mairie de Lustenau.

Une machine bien rodée dont la mise en route a cependant demandé un effort conséquent. « Pour nous financer, on n’a jamais demandé plus de de 2,5 % du montant des achats effectués via ÖBS, explique Rainer Siegele, maire de Mäder et président de la Umweltverband. Après quelques années déficitaires, le nombre de commandes a augmenté, ce qui nous a permis d’atteindre une vitesse de croisière. De quoi ajouter deux à trois nouvelles catégories de produits par an ». Côté fournisseurs, il a là aussi fallu prendre ses marques.

« Au départ, il a été très difficile d’imposer des clauses environnementales aux fournisseurs et on a parfois dû assouplir nos critères. Mais à l’heure actuelle, 92 % de nos achats proviennent de fournisseurs locaux qui ont accepté de jouer le jeu » confie Lenz Dietmar.

ÖBS peut ainsi aller un peu plus loin et se donner de nouveaux objectifs : « Même si cela ne représente encore qu’un poste marginal, on approvisionne déjà nos membres en produits issus du commerce équitable. Et dès qu’on le peut, on travaille avec des entreprises sociales, explique-t-il. Prochainement, par exemple, on va inclure une clause d’insertion dans un cahier des charges pour une fourniture d’abris à vélo ». Une entreprise d’insertion du coin a de fortes chances de remporter ce marché.