Faenza en Italie : Territoire socialement responsable

Le grand public connaissait la Responsabilité sociale des entreprises (RSE), il connaît moins le Territoire socialement responsable (TSR®). La méthodologie TSR® a été conçue au sein du Réseau européen des villes et régions de l’économie sociale  (REVES). L’agglomération de Faenza en Emilie-Romagne (Italie), l’a mise en œuvre entre 2008 et 2010. Il s’agit d’une démarche participative de construction des politiques publiques, en partenariat avec la société civile au premier rang de laquelle on retrouve les acteurs de l’économie sociale.

La ville de Faenza compte 52 000 habitants et on dénombre 55 000 membres d’associations, de coopératives ou d’associations de quartier ! C’est le signe d’un grand dynamisme de la société civile”, souligne Luigi Martignetti, secrétaire général de REVES. Le terreau humain de Faenza était donc fertile à l’expérimentation grandeur nature de la méthodologie participative TSR®. Une méthodologie en quatre étapes que le secrétaire général de REVES a accompagné tout au long de sa mise en œuvre : analyse du contexte local, élaboration des principes d’analyse, évaluation de la situation actuelle et des scénarios alternatifs et enfin, reprogrammation des politiques publiques. Le processus est lancé à Faenza par le vote d’une délibération municipale en décembre 2007. Huit ans après leur élection et deux ans avant la fin de leur deuxième et dernier mandat, le maire et le vice-maire “[souhaitaient] vérifier la pertinence des bases du pacte social de Faenza”, relate Elio Ferri, ancien vice-maire.

Partenariat stratégique

Les coopératives et, parmi elles, les coopératives sociales 2, sont étroitement associées à la démarche : “Il nous fallait redéfinir une alliance avec le mouvement coopératif : de la relation contractuelle au partenariat stratégique”, explique Elio Ferri. 50 % du budget d’une commune comme Faenza est consacré aux politiques sociales. En créant les coopératives sociales, la loi de 1991 les a dotées de “fonctions para publiques d’intérêt général, bien qu’elles soient le fait de membres, personnes physiques”, souligne M. Caroli, du Consortium Fare Communita (groupement de coopératives sociales) et représentant du mouvement coopératif dans la démarche TSR®. La puissance publique et les coopératives souhaitaient dépasser la relation contractuelle nouée à travers les appels d’offre, pour aller vers la “co-programmation” des politiques et des services. TSR® apportait le cadre opérationnel d’une telle évolution.

Participation citoyenne

Temps fort du processus : un questionnaire sur les champs économique, social, environnemental et culturel a été envoyé par la Mairie dans les 23 000 foyers du territoire. D’autres encore ont été diffusés via les réseaux associatifs et coopératifs incités, dans cette optique de renouvellement partenarial à stimuler la participation citoyenne. Des animateurs, puisés dans la population locale, ont été formés à la conduite des 70 réunions publiques qui se sont tenues en trois mois. ” Aucune question ne demandait d’exprimer un besoin individuel, mais bien leur interprétation de la situation à Faenza : comment percevez-vous la communauté locale ? Comment trouvez-vous le tissu économique de la Ville ? Décrit Luigi Martignetti, puis on leur demandait ce qu’il manquait pour améliorer la situation.” Environ 10 % de la population a répondu au questionnaire soit individuellement, soit à travers des groupes de discussions. Par exemple, une coopérative sociale a animé le parcours de participation avec les déficients mentaux dont elle a la charge, élargissant ainsi le cercle de la concertation. Le taux de réponse est relativement impressionnant pour une démarche de ce type. Les résultats ont été présentés avant les élections locales du printemps 2010 et ont pesé dans les arguments de campagne des candidats au renouvellement.

L’ultime phase de TSR®, consistant à la reprogrammation des politiques publiques, est en cours avec la nouvelle municipalité. Mais selon l’ensemble des parties prenantes, l’apport le plus immédiat et le plus concret de TSR® est d’avoir stimulé une nouvelle dynamique territoriale. “Le parcours a doté les coopératives de techniques d’écoute et de participation en direction des usagers ou des sociétaires des coopératives”, relève Massimo Caroli. L’une d’elle a dors et déjà revu ses pratiques coopératives à l’aune de la méthodologie TSR®. Il s’agit d’une coopérative sociale de 50 salariés dont la moitié en insertion dans les métiers de la sidérurgie. “La population est passée d’une vision individualiste des enjeux locaux à l’expression des besoins dans un cadre social collectif”, se réjouit M. Martignetti.

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