Croatie : lancement d’une stratégie nationale pour développer l’entrepreneuriat social

En mars et avril 2014, l’Avise a publié plusieurs articles sur l’économie sociale en Croatie et en Serbie. En voici quelques parties.

Si l’entrepreneuriat social n’est pas encore très développé en Croatie, État membre de l’Union européenne depuis juillet 2013, une évolution rapide pourrait se produire. Le gouvernement a publié le 7 mars 2014 une stratégie de promotion de l’entrepreneuriat social pour la période 2014-2020, qui devrait être adoptée d’ici la fin de l’année, pour une mise en œuvre dès 2015. Devant être encore validée par le Parlement, cette stratégie s’organise en quatre axes principaux :

  1. Donner un cadre réglementaire et institutionnel aux entreprises sociales : mise en place d’un bureau spécifique au sein du Ministère du Travail, élaboration d’un répertoire des entreprises sociales selon neuf critères* ;
  2. Un budget de 41 millions d’euros, dont 3 millions d’euros sous forme de fonds de garantie ;
  3. Promotion de l’entrepreneuriat social par l’intermédiaire de l’éducation ;
  4. Visibilité des entreprises sociales sur internet et dans les médias.

“On aurait pu aller encore plus loin dans cette stratégie, qui d’autant plus n’a pas de caractère obligatoire ; aucun avantage fiscal n’est prévu, regrette Davorka Vidovic, chercheur senior à l’Université de Zagreb, mais c’est quand même la première fois que l’entreprise sociale est reconnue en Croatie !”

Actuellement, les entreprises sociales croates sont peu nombreuses. D’après les données de l’Alliance croate des coopératives (Croatian Cooperative Alliance), publiées en juin 2013, on compte 1 331 coopératives en Croatie, avec 19 309 membres et 2 682 employés. Un nombre en diminution à cause des nouvelles législations qui ont introduit des contraintes dans la création de ce type d’entreprises. 46 000 associations, 193 fondations et plus de 600 institutions privées sont également répertoriées dans le pays.

“Le développement de l’entrepreneuriat social est très faible en Croatie, explique Davorka Vidovic, ces entreprises sont encore trop rares et peu visibles.” Face à cette situation, des organisations non gouvernementales et la société civile ont pris les devants. L’Association pour le développement créatif “Slap” a notamment été un acteur important, participant en 2009 à la mise en place d’un réseau informel (le Forum des entreprises sociales ou SEFOR). De plus, depuis fin 2013, 80 organisations non gouvernementales qui soutiennent les démarches d’entrepreneuriat social, ont ainsi décidé de rassembler leurs forces et de proposer leurs services sous un label commun, le réseau national de centres de soutien, CEDRA. L’objectif à terme est d’offrir gratuitement ces services, destinés à aider les porteurs de projets à se développer grâce à des subventions qui pourraient être issues du gouvernement ou des fonds européens, du Fonds social européen (FSE) notamment.

“L’idée est que chaque grande ville de Croatie puisse disposer d’un bureau CEDRA. Ainsi les entrepreneurs sociaux peuvent trouver un soutien durant leur phase de développement”, détaille Ante Vekic. Le bureau principal du réseau est installé à Zagreb, mais plusieurs centres ont vu le jour dans différentes villes : à Osijek (Slap), à Cakovec (CEDRA Cakovec), à Rijeka (CTK Rijeka), Split (CEDRA Split) et Dubrovnik (CEDRA Dubrovnik).

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En Serbie, les entrepreneurs sociaux se rassemblent pour développer le secteur

Le voisin serbe, pays candidat à l’adhésion à l’Union européenne, connait aussi un développement de l’entrepreneuriat social. Créé en 2011, Sens, The Social Economy Network of Serbia, est le premier réseau national serbe dédié aux entrepreneurs sociaux. Dans un pays où l’entrepreneuriat social ne dispose pas de reconnaissance législative, Smartkolektiv, qui gère le réseau, fait également du lobbying auprès du gouvernement pour favoriser le développement du secteur.

 ” Nous les aidons dans leur développement, leurs activités commerciales et marketing, et nous facilitons la mise en relation [avec des entrepreneurs sociaux et classiques] “, explique ainsi Neven Marinovic, directeur exécutif de Smartkolektiv. Autre activité du réseau : la mise à disposition de garanties pour que les entrepreneurs sociaux puissent emprunter plus facilement auprès des banques. Au total, une trentaine d’entrepreneurs sociaux a bénéficié des services du réseau en matière de promotion et de stratégies commerciale et marketing. Près de cent entrepreneurs sociaux ont participé aux stages et conférences organisés par le réseau depuis 2011. Pour faire connaître l’entrepreneuriat social, le réseau développe aussi des outils et tutoriels, à l’instar de l’animation vidéo réalisée par Smartkolektiv qui donne une base de connaissance sur le thème.

L’organisation a également participé aux discussions sur le projet de loi émis par le gouvernement en 2013 sur l’entrepreneuriat social. Jugé trop réducteur et non adapté au développement du secteur en Serbie, le projet n’a pas été accepté. ” Le gouvernement est intéressé par ce secteur mais il ne saisit pas toutes les nuances, en revanche, il le voit comme un moteur potentiel pour faire baisser le taux de chômage ” souligne Neven Marinovic, qui croit en une évolution rapide. ” Nous souhaitons que le gouvernement adopte d’ici peu des mesures spécifiques sur l’entrepreneuriat social. “

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* Neuf critères de reconnaissance des entrepreneurs sociaux en Croatie (traduits par Pour la Solidarité) :

  1. L’entrepreneur social réalise un équilibre entre les objectifs sociaux, environnementaux et économiques de l’entreprise.
  2. L’entrepreneur social exerce une activité de production et de transport de marchandises, de services ou bien exerce une activité artistique, qui génèrent des revenus sur le marché, ont un impact favorable sur l’environnement, et contribuent à améliorer le développement de la communauté locale et de la société au sens large.
  3. L’entrepreneur social crée une nouvelle valeur et assure la viabilité financière de son entreprise de manière à ce que, pendant une période d’activité de trois ans, il réalise ou envisage de réaliser au moins 25% de ses revenus en exécutant ses activités commerciales.
  4. L’entrepreneur social réinvestit au moins 75% du bénéfice ou excédent des revenus générés par l’exercice de son activité dans le développement de ses activités et la réalisation de la finalité de son entreprise.
  5. Les entrepreneurs sociaux sont caractérisés par leur adhésion volontaire et ouverte et par un haut degré d’autonomie de gestion.
  6. La République de Croatie, l’Unité locale et territoriale (régionale) de l’autogestion ou toute autre autorité publique ne peuvent pas être les seuls fondateurs d’une entreprise sociale.
  7. Les entrepreneurs sociaux sont caractérisés par un processus de décision démocratique (implication des acteurs dans une gestion transparente et responsable), c’est-à-dire que la prise de décision n’est pas exclusivement liée à la participation des co-propriétaires ou aux rôles d’adhésion, mais elle comprend aussi les principales parties prenantes : employés, membres, clients ou consommateurs et des organisations partenaires.
  8. L’entrepreneur social suit et évalue ses effets sociaux, économiques et environnementaux ; il utilise ses résultats d’évaluation dans la planification de ses activités futures et prend soin de leur amélioration/augmentation.
  9. L’entrepreneur social, en cas de cessation de ses activités, a une obligation définie par ses actes et règlements de transférer ses actifs à la propriété d’un autre entrepreneur social dont l’entreprise possède des objectifs identiques ou similaires à l’entreprise en cessation d’activité, ou bien à la propriété de l’Unité locale et territoriale (régionale) de l’autogestion qui l’utilisera pour le développement de l’entrepreneuriat social.

Source et informations complémentaires : 

Emilie Zapalski, La Croatie lance une stratégie nationale pour développer l’entrepreneuriat social, Avise, 2014.

Emilie Zapalski, Un réseau national croate pour aider les entrepreneurs sociaux, Avise, 2014.

Emilie Zapalski, En Serbie, les entrepreneurs sociaux se rassemblent pour développer le secteur,Avise, 2014.

 

Pays: 

Croatie

Thématiques: