Coopérative Skoopi

Peut-on établir un lien entre démocratie et qualité de vie ? Si l’on prend l’exemple de la Suède, on note en tout cas des initiatives qui allient bonne gouvernance et qualité de vie au travail, comme dans la coopérative Skoopi qui a développé un outil spécial : Visorek.

Le 3ème sondage sur la qualité de vie en Europe (3EQLS[1]) révèle que le Danemark et la Suède sont apparus comme les pays où la population demeure la plus heureuse et la plus optimiste en 2012. Les pays scandinaves constituent également le peloton de tête du classement des pays les plus démocratiques si l’on se réfère au Democracy Index 2011[2], établi par the Economist Intelligence Unit.

Peut-on établir un lien entre démocratie et qualité de vie ? Si l’on prend l’exemple de la Suède, on note en tout cas des initiatives qui allient bonne gouvernance et qualité de vie au travail.

En Suède, les Social Work Cooperatives (coopératives sociales d’insertion par le travail) connaissent une notoriété grandissante depuis les années 1990 ; mêlant à la fois activités économiques et projet social, elles comprennent principalement des travailleurs en proie à des difficultés d’accès au marché du travail, notamment pour cause de handicap ou de problèmes sociaux. L’intérêt pour le profit y est secondaire : la visée première est l’inclusion et l’épanouissement de l’ensemble des travailleurs de la coopérative, ce qui passe notamment par la participation de tous, et le respect du principe “un membre, une voix”.

Mais par quoi, concrètement, se traduit cette participation des coopérateurs ? Est-elle effective ? Comment s’en assurer ?

Créée en 2005, Skoopi est une association suédoise œuvrant pour le développement de ces coopératives sociales d’insertion. Elle les promeut auprès des décideurs et établit des réseaux entre elles, mais elle propose surtout un suivi et un accompagnement dans le développement de ces dernières. L’un des projets qu’elle a mis en place dans cette optique, initié pour la première fois en 2007, ambitionne d’établir l’audit social de ces coopératives.

L’intérêt d’un audit social est de mesurer l’efficacité du fonctionnement de la structure au niveau de son objectif social. Dans le cas des Social Work Cooperatives, où il s’agit de contribuer au développement et à l’inclusion du travailleur, on voudra disposer d’un aperçu de la capacité de la structure à placer celui-ci au cœur du processus de décision.

Visorek est une méthode présentée sous forme de livrets complets, destinée à la coopérative ; se déroulant en 6 étapes, elle propose une démarche réfléchie et structurée pouvant s’étendre sur un an, reposant sur l’idée d’inclure l’ensemble des parties prenantes dans l’évaluation de la structure. L’outil, expérimenté sur 4 coopératives avant d’être réellement mis en place en 2007, a fait ses preuves : les travailleurs ont pu dialoguer sur des problématiques clés telles que la santé et la sécurité au travail, et réfléchir de façon concertée à l’amélioration de leurs conditions. Cette initiative a reçu un écho très positif chez les salariés impliqués

Si la dynamique participative apparaît comme un point déterminant des entreprises sociales d’insertion, on remarque que ces dernières sont très peu nombreuses à mettre en place des mesures concrètes dans cette optique, selon un rapport d’EMES[3]. Ce même rapport souligne cependant que les coopératives sociales suédoises se distinguent de ce point de vue-là en agissant réellement sur le terrain. Ainsi, Visorek apparaît comme une manière innovante d’allier participation démocratique et contrôle par les membres au sein des Social Work Cooperatives, afin non seulement de contribuer à la responsabilisation des travailleurs, mais aussi de leur offrir une qualité de vie au travail la plus poussée possible. Enfin, cela peut être un moyen d’avoir un impact social au niveau local, et d’encourager l’innovation par les travailleurs au sein de la coopérative.

[1] EUROFOUND, Press Release “Eurofound publishes its 3rd European Quality of Life Survey (3EQLS)”, 29 November 2012, http://www.eurofound.europa.eu/press/releases/2012/121129.htm

[2] THE ECONOMIST, Democracy Index 2011 – Democracy Under Stress,http://www.sida.se/Global/About%20Sida/S%C3%A5%20arbetar%20vi/EIU_Democr...

[3] DAVISTER, C., DEFOURNY, J., GREGOIRE, O., Les entreprises sociales d’insertion dans l’Union européenne : un aperçu général, Réseau EMES, WP no. 03/11, p. 25,http://www.emes.net/what-we-do/publications/working-papers/les-entrepris...

Pays: 

Suède

Thématiques: