Pour un dialogue européen sur l'économie de plateformes

Saturday, 27 January 2018

Le 23 janvier dernier s'est tenue à Bruxelles une rencontre internationale - organisée par le réseau Sharers & Workers en partenariat avec la Confédération européenne des syndicats, l’Institut syndical européen, le groupe Up et le think & do tank POUR LA SOLIDARITÉ - PLS - sur la question des plateformes numériques.

Lors de cette journée, une centaine d’expert-e-s réunissant des acteurs de l’économie collaborative numérique, des décideurs politiques, des syndicalistes et des entrepreneurs sociaux ont dialogué sur le façonnement d’une économie de plateformes financièrement soutenable, techniquement innovatrice et socialement responsable.

Dès l'abord, Six Silberman, représentant le syndicat professionnel allemand IG Metall, mettait en évidence que certaines plateformes concentraient plus de plaintes que d'autres, et qu'il existait ainsi des plateformes plus ou moins respectueuses des travailleurs. 

Des travailleurs pour restaurer la confiance

La première partie de la journée était consacrée à la présentation d’initiatives émanant des plateformes, d’un côté, et des travailleurs et syndicats, de l’autre. Il en est ressorti que les travailleurs sont au cœur des différentes solutions proposées pour restaurer la confiance. L’exemple de SMart et son expérience de salariat des travailleurs de Deliveroo démontre qu’il est tout à fait possible de collaborer de manière intelligente (échange d’informations, partage des tâches, etc.) en soutenant un dialogue social. Dans le contexte de l’économie de plateformes, il est donc possible, en favorisant le soutien des syndicats, d’avoir des instances de négociation et de faire progresser les aspects sociaux.

Salarié et/ou indépendant ?

En fin de matinée, Denis Stokkink animait une table ronde autour d’une thématique intitulée "Salarié et/ou indépendant ?". Cette thématique a été abordée sous trois aspects : les tensions entre les niveaux collectif et individuel, les questions relatives à la protection sociale et l’état de subordination du travailleur. Le débat s’est concentré sur le dépassement de l’opposition classique entre salarié et indépendant. Autour de la table, certaines personnes redoutaient que l’instauration d’un troisième statut ne rime avec plus de précarité ; alors que les autres mettaient en avant qu’une telle innovation, du moment qu’elle s’inscrit dans une démarche coopérative, est plus en phase avec la diversité caractéristique des plateformes.

Mais, pour faire face à la décentralisation dans les dialogues sociaux et à la complexification des relations d’emploi et du bon niveau de représentation des travailleurs, tout le monde s’accordait à dire que le nouveau statut doit être pensé à partir des conditions de travail et ce, quel que soit l’emploi.

Une solution européenne

Dans l’après-midi, Stefan Olsson (Commission européenne) a insisté sur le fait que la solution aux problématiques soulevées dans la matinée ne pouvait être qu’européenne : notamment, par une harmonisation fiscale et la protection des modèles européens de protection sociale. Il a aussi rappelé que l’économie de plateformes s’inscrit dans un contexte mouvant et qu’il est très compliqué de se projeter dans le futur : l’Initiative européenne sur l’économie numérique devant prendre en compte la flexibilité, l’aspect précaire et cette temporalité particulière.

Enfin, notez que PLS produira prochainement une publication sur les enjeux discutés au cours de ce dialogue européen sur l'économie de plateformes.